Accueil 6 – Découverte Cité

6 – Découverte Cité

par benraconte

Une main vous agrippe l’épaule et vous extirpe brusquement de votre sommeil.
— On arrive, vous murmure l’homme.
Vous jetez un coup d’œil par-delà le pare-brise, mais vous ne distinguez pas grand chose à travers cette minuscule ouverture. Il vous semble apercevoir une gigantesque ville s’élever au-dessus de la glace. De ses fondations scintille une magnifique lumière orangée, comme si la base de la cité reposait sur un immense feu brûlant.
Bientôt, vous pénétrez dans l’enceinte du monstre. L’engin s’arrête peu de temps après. L’homme se lève de son siège.
— Viens, je vais te faire visiter la ville. Au fait, moi c’est Larry. Et toi ?
Vous lui donner votre prénom en retour. Larry vous sourit. Vous le suivez hors du véhicule. Vous vous retrouvez dans un vaste et sombre hangar. Une grande route, éclairée par des projecteurs d’au moins cinq mètres de haut, mène à l’extérieur. Vous apercevez, au delà, les montagnes enneigées. Des rangées de véhicules, semblables à celui de Larry, sont garés de chaque côté de l’axe principal.
— Et bien, voilà, nous voici arrivés à la Fournaise.
Vous froncez des sourcils. La ville reposerait donc bel et bien sur un feu géant. Vous regardez aussitôt vos pieds, craignant de voir soudainement le sol se dérober sous votre poids et d’être dévoré par d’immenses flammes sorties des profondeurs.
Le soldat remarque votre réaction.
— Tu n’as rien à craindre. Si on appelle cette cité la Fournaise, c’est qu’elle est posée au-dessus d’un volcan en activité, mais il est plutôt calme donc on ne risque rien. Un complexe installé à plusieurs centaines de mètres sous tes pieds utilise l’énergie géothermique pour faire fonctionner la cité et nous protéger du froid glacial de dehors.
Larry vous emmène vers une porte dérobée, cachée entre deux véhicules mal stationnés. Vous traversez un long couloir obscur et humide, dont les parois de métal sont dévorées par une rouille tenace. Vous apercevez bientôt la lumière du jour. Une vaste place s’offre devant vos yeux. Au centre se dresse une immense statue d’un illustre inconnu, au sommet d’une fontaine en pleine ébullition.
— Là, c’est le quartier des affaires. Tout ce qui a trait à la vente et à l’échange de biens et de marchandises se déroule ici.
Des centaines de passants déambulent au milieu d’une multitude de commerces et d’étals faits de bric et de broc. Votre odorat est assailli par un mélange indescriptible de senteurs. Vous vous hasardez à en deviner l’origine, mais la disposition éparse des magasins ne vous facilite pas la tâche. Certaines sont plus puissantes que d’autres, comme cette odeur de viande grillée qui semble se mêler à celle d’une huile de moteur, mais vous finissez pas renoncer à ce jeu impossible.
— Allez, il faut qu’on se dépêche, sinon on va rater la navette, vous presse Larry.
Les commerces s’enchaînent les uns après les autres, sans fin, à mesure que vous vous enfoncez dans le quartier. Le regroupement de toutes les boutiques de la ville dans un même endroit commence à vous faire perdre la tête. Vous n’avez jamais autant vu une telle quantité de produits de votre vie, chacun décliné sous toutes les formes possibles et imaginables. Appareils électroniques, légumes, outils, livres, articles de première nécessité, viandes, lingerie, tout se succède de façon totalement désorganisée. Vous vous demandez comment les habitants peuvent s’y retrouver dans ce capharnaüm. En levant les yeux, vous remarquez, au loin, derrière les bâtiments commerciaux, de grandes cheminées s’élancer vers le ciel. Une épaisse fumée noire s’échappe continuellement de leur bouche, contrastant avec la blancheur du ciel enneigé. Vous interpellez Larry et lui montrez du doigt les tours de brique.
— Ces cheminées ? Elles viennent des usines du quartier industriel. Tous les produits et les matériaux de la Fournaise sont créé et transformés là bas, avant de rejoindre les magasins de ce quartier. Il vaut mieux ne pas trainer là-bas sans une bonne raison. Certaines usines appartiennent à des gens dont tu n’aimerais pas avoir à faire. Le Conseil a déjà essayé plusieurs fois d’y faire le ménage, mais ce sont ces mafias qui contrôle les ressources et leur approvisionnement, donc on ne peut pas faire grand chose. C’est toute la stabilité de la ville qui risque de s’effondrer si une guerre se déclare. Et en cette période glaciale, on ne peut surtout pas se le permettre, ou on y passerait tous.
Larry pousse un soupir, avant d’accélérer le pas.
— Allez, on est plus très loin de la navette.
Vous arrivez bientôt devant le quai d’un bâtiment à ciel ouvert, qui ressemblerait à s’y méprendre à une minuscule gare. En vous approchant, les rails qui traversent les lieux confirment votre supposition. L’endroit est désert. A peine êtes-vous arrivé sur place que vous entendez le son caractéristique d’une locomotive à vapeur. La machine, tout droit sortie d’un film de Western, s’arrête devant vous dans un bruit assourdissant.
Vous vous dirigez vers le wagon de tête et rejoignez Larry qui s’est déjà installé sur son siège. Le train est vide. Pas un seul passager en vue. Vous faites part de votre étonnement à votre guide.
— C’est depuis l’attentat de la semaine dernière. Une navette remplie de monde a explosé en plein cœur du quartier du Haut Commandement. On soupçonne une organisation du quartier industriel d’avoir posé la bombe. Depuis, tout le monde évite la navette.
Le train démarre. Larry est tourné vers la fenêtre et reste silencieux. Vous vous remémorez tout ce que vous avez vécu depuis que vous êtes arrivé sur cette terre gelée. Une expérience assez éprouvante pour votre corps, peu habitué à des températures extrêmes. Vos muscles vous font souffrir, mais semblent se détendre un peu lorsque vous allongez vos jambes sur la banquette. Les minutes passent, en silence. Dehors, le décor change. Les bâtiments commerciaux élancés laissent place à des immeubles de métal de deux à trois étages. Les rues sont plus étroites et plus sombres. Au sol, un gravier sale a remplacé les pavés de l’avenue marchande.
Larry se tourne vers vous.
— On passe devant le quartier résidentiel. La plupart des habitants de la Fournaise habitent ici. Ce n’est pas le plus entretenu des quartiers, contrairement à ce que l’on pourrait penser. En fait, les gens n’y restent que pour dormir. A part des habitations, il n’y a ici. Tout se passe dans le quartier des affaires.
Soudain, une explosion retentit. La secousse fait trembler le train, mais la machine tient bon. Vous vous agrippez à votre siège et regardez dans tous les sens. Larry s’est levé d’un bond et tente de trouver l’origine du vacarme. Après quelques secondes, il s’écrie :
— Ça ne vient pas de la navette ! C’est plus bas !
De la fenêtre, vous voyez une fumée noire et épaisse s’élever dans le ciel. Larry l’a aussi remarqué. Il s’écrie, horrifié :
— Ça vient du complexe souterrain ! Quelque chose a explosé là-bas !
Il agite frénétiquement les bras dans tous les sens et ne tient plus en place.
— C’est pas possible, ça recommence… Raah, je les hais, je les hais tous !
Larry jette à nouveau un coup d’œil par la fenêtre, abattu.
— Foutue ville… On est bientôt au quartier du Haut Commandement. Faut pas perdre une minute.
Le train s’arrête quelques instants plus tard au cœur du quartier. Vous avez à peine le temps d’observer les environs que Larry s’élance déjà hors du véhicule. Vous lui emboitez le pas.

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